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Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/13

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CHAPITRE III


Avant même de comprendre qu’elle émergeait de la nuit artificielle où elle avait sombré volontairement, Caroline flaira une odeur d’éther. Et le jeu de ses doigts sur le couvre-pieds amidonné lui révéla qu’elle était encore de ce monde. Un timbre tenace lui fit ouvrir les yeux, le temps d’entrevoir une barre de soleil faisant son chemin entre le store et la croisée.

À pas feutrés, une garde-malade s’approcha du lit ; elle posa sa main fraîche sur le front de la malade, puis tenta vainement de soulever les paupières encore lourdes de stupeur.

— Mademoiselle Lalande, regardez-moi, rien qu’un instant

Caroline, passive, aurait bien voulu obéir. Elle remuait les cils ; c’était là le seul effort dont elle fut capable.

— Elle reprend connaissance, constata la garde et elle s’en fut noter le fait sur une feuille.

Ainsi donc Caroline vivait et elle était à l’hôpital.

Comme bien des paysans, elle avait une crainte irraisonnée de l’hôpital. Sans admettre entièrement les idées de ceux qui croient plus en l’efficacité des tisanes dont la recette passe de mère en fille qu’en des