Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/133

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Turquoises, ce sont des Turques, tu entends ? Et deuxièmement, tu en as souvent rencontré des Turques, toi ?

— Rien que dans les livres.

— Alors reviens sur la terre ferme et porte ces épreuves au patron qui attend après.

Lauréat, habitué aux songes extravagants de Salvador, n’en faisait pas de cas. Il savait que le messager rêvait tout haut et surtout que la jeunesse est une maladie dont on se guérit de jour en jour. Seule Caroline lui prêtait attention.

— T’as pas honte, petit bougon, de dénigrer ta place ? disait-elle.

Mais la plupart du temps elle l’écoutait avec complaisance.

Quand elle l’avait trop sermonné, il imaginait de lui jouer un tour à sa façon. « Il y a du nouveau en ville » affirmait-il d’un grand sérieux et il brodait une histoire dont la vraisemblance réussissait à tromper Caroline. Lorsqu’il la voyait prête à se mettre en route cependant le remords le prenait et il la rappelait vite en lui demandant pardon.