Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/159

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cision au journal fut sienne. Il parla avec volubilité pendant plusieurs minutes, demanda à la jeune fille si elle ne se dompterait pas de toujours s’ingérer dans la mise en page ? Il parlait tellement et si vite qu’un jet de salive jaillit sur sa lèvre inférieure. D’un regard impitoyable, elle suivait la minuscule bulle qui allait et venait selon les tics qu’affectait Philippe pour s’en débarrasser. Mais elle s’en voulut vite de cette mesquinerie : elle regarda par la fenêtre les premières feuilles mortes qu’un vent acharné faisait tournoyer follement et feignit de ne pas voir le directeur qui s’essuyait la bouche d’un geste rageur.

Elle se remit à l’ouvrage. Des épreuves s’empilaient sur la table. À regret, elle rangea celle de « Madame Israël Rivard à son dernier repos » avec les articles du prochain numéro. Tout ce que la vieille lui avait raconté de sa vie dure lui revenait à la mémoire. Il lui semblait l’en-