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CHAPITRE IV


Assise, les mains jointes, elle attendit, sans hâte et sans ennui jusqu’à ce que la voix grave du magistrat s’éleva :

— Si je vous ai priée de passer ici, mademoiselle, ce n’est pas, croyez-moi, dans le but de vous faire la leçon. Au cours du procès que vous venez de subir, votre avoué a fait grand état de votre solitude. Cependant il y a un point que j’aimerais éclaircir. On a trouvé dans votre chambre des lettres qui peuvent fort bien faire présumer que vous avez un amoureux, ou du moins que vous en aviez un.

— Je n’ai pas d’amoureux, monsieur le juge, et je n’en ai jamais eu.

— Alors, qui vous écrivait ces lettres ?

— Quelles lettres ?

— Celle-ci, par exemple : Ma petite Caro, pourquoi m’écrivez-vous : « les désirs des hommes passent comme des oiseaux. Vous savez fort bien que ceci est un mensonge en ce qui me concerne. Tenez ! j’ai chez moi un petit chanteur. Souvent j’ouvre la porte de sa cage, même quand la fenêtre