Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/165

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cas de Caroline — aucune récompense ne les attend, mais le châtiment les guette à la moindre erreur.

Le lendemain…

En lisant, au haut d’une colonne, l’article élogieux à l’adresse du brave vieillard, Caroline tressaillit de joie. Il lui semblait qu’à nouveau une grande paix s’installait dans son cœur.


Lisez ! lisez vite ! au bas de la page dit Mariange à Caroline en déployant dans toute sa grandeur une feuille du soir. Là, au bas. Votre cavalier s’est noyé.

Caroline en eut un éblouissement. Arcade, noyé ! Elle se laissa tomber sur la première chaise et ne revint à elle que lorsque Mariange commença à lire : « Au large de Gaspé… »

Au large de Gaspé, on avait trouvé l’embarcation de l’Indien qui avait entrepris de traverser l’Atlantique en canot et dans la pince, le vêtement qu’il avait reçu à l’Anse et qui avait aidé à l’identifier. Les requins se disputeraient le corps bronzé du jeune aventurier.

Il avait perdu la partie. Deux lignes au bas d’une page, pour toute oraison funèbre. Le spectacle de la défaite attriste le monde et lui déplaît. Mais pas longtemps. Il court vite au-devant de jeunes conquêtes.

Caroline en était fort émue… Elle ne savait pas cependant si c’était autant de la mort du Sauvage que de la joie de savoir Arcade toujours vivant.