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remettre.

Elle n’avait pas atteint la dernière marche de l’escalier que la sirène du feu s’ébranla. Caroline fit une pause pour identifier l’appel. Un coup bref. Trois grands coups. Un coup bref. Quartier numéro six.

— C’est dans les dernières rues, lui cria Lauréat.

À force de courage, Caroline vint à bout de se préparer à sortir.

— Vous faites une grande imprudence, lui dit Mariange.

Mais rien ne saurait la retenir. Au-dehors une neige molle collait à tout et à peine tombée se changeait en eau.

Comme elle approchait du quartier, elle rencontra un officier de police qui marchait à pas carrés.

— C’est une fausse alarme, un tour de gamins. Le mauvais temps met le grand monde sur les nerfs, à plus forte raison, les enfants.

D’un pas lourd Caroline reprit le chemin de la maison. Incapable de penser à rien d’autre, elle était uniquement préoccupée par la hâte de se débarrasser du froid qui l’enveloppait comme un vêtement de glace.

En la voyant, Mariange lui dit : « Vous avez sûrement la fièvre. Mettez-vous au lit sans retard. Je vais vous préparer une bonne ponce et demain, Lauréat se chargera d’avertir le jeune Dulac. »

La jeune fille remonta péniblement à sa chambre. Elle n’avait pas fini de se dévêtir quand à nouveau la sirène appela. Deux grands coups, deux coups brefs. Un grand coup. Le feu était dans le quartier des affaires.

D’un bond Caroline fut sur pied.

— Vous êtes folle à lier de vouloir sortir par un temps semblable.