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s’attirent ou se repoussent sans raison. Caroline Lalande et Philippe Dulac auraient pu vivre un siècle de temps, l’un près de l’autre, sans qu’aucun courant de sympathie ne les fît vibrer à l’unisson. Ils avaient si peu à se dire que les adieux furent brefs.

Le train entrait en gare quand le messager du journal vint lui remettre la dernière édition de « La Voix des Érables » en ajoutant :

— Il y a une belle surprise pour vous, en première page.

Mariange et Darcinette avaient tenu à l’accompagner à la gare. Aussi longtemps que le train fut en vue, elles agitèrent leur mouchoir et lui firent des signes d’amitié. Mais bientôt Caroline se retrouva livrée à elle-même. Elle ouvrit le journal et une flambée lui monta au visage en lisant :

« Nos lectrices apprendront avec regret sans doute le départ de Mademoiselle Caroline Lalande. Depuis qu’elle est en charge de la rédaction à « La Voix des Érables », nous avons vu l’intérêt de nos lecteurs augmenter considérablement. Sous le pseudo d’« Agathe », elle fut l’auteur de nombreux billets et de plusieurs articles éditoriaux. Les fréquentes reproductions dont ils furent l’objet de la part de confrères témoignent hautement de la valeur de ces écrits. Nous tenons donc à remercier publiquement Mademoiselle Lalande et à lui souhaiter succès et prospérité. »

La Direction.

— Il est trop tard ! réfléchit Caroline.