Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/195

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— Je t’engage comme institutrice jusqu’à l’été mais après, je promets rien.

— Si tu savais… commença Caroline.

Mais il ne la laissa pas continuer :

— Je veux savoir rien qu’une chose : tu es belle, Caroline, et je t’aime.

xxx

Aucune musique savante, aucune phrase stylée ne sauraient rendre un son plus doux au cœur de Caroline. Une fois de plus le chant éternel s’élevait. Deux êtres jeunes et forts l’écoutaient pieusement comme un beau cantique, par un soir de prière, prolonger son écho en eux et atteindre à des profondeurs infinies.

Caroline sentit palpiter en elle, ainsi qu’une vie nouvelle, les racines du sol natal ; elle comprit que son âme au repos, après qu’un grand vent d’illusion l’eut secouée, reprenait ses couleurs naturelles.

« Ouvrez, ouvrez vos bras tout grands » lui disait une voix.

Elle alla se réfugier sur le cœur d’Arcade. Des larmes glissaient sur ses joues en feu malgré le froid. Elle voulut les dérober à la vue de son compagnon. En détournant la tête elle vit sur la neige bleuissante que son ombre confondue avec celle d’Arcade ne faisait plus qu’une ombre immense et unique.

Et elle sourit à l’avenir.


FIN