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CHAPITRE V


Après avoir soigneusement étalé un morceau de papier sur la banquette et sur le rebord de la fenêtre, afin de protéger ses vêtements, Caroline s’installa avec de menues précautions qui frôlaient le tatillonnage. Née paysanne, elle ne s’habituait pas à porter les mêmes atours les jours de semaine et le dimanche ; aussi les soins qu’elle leur prodiguait pour en prolonger la durée n’avaient plus de fin.

Impulsive de sa nature, elle aurait voulu que le train démarrât sans plus tarder ; elle, qui faisait preuve envers les choses d’une inlassable patience, se décourageait vite devant la lenteur des événements.

Il lui fallait attendre le départ encore une vingtaine de minutes, L’Anse à Pécot était le terminus d’un petit embranchement, le train qui s’y rendait n’était guère un convoi de choix : il se composait d’une couple de wagons démodés, d’une carrure offensante à l’œil et d’un engin poussif.

Sur les voies avoisinantes, comme pour lui faire contraste, s’allongeaient des wa-