Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/24

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gons de luxe dans lesquels des valets noirs dressés de bonne heure à une habile servilité faisaient pénétrer des femmes à l’allure dégagée et mises avec goût. Caroline qui les observait nota que si elles faisaient le moindre signe ou donnaient l’ombre d’un ordre, c’était avec une telle sobriété de gestes et d’un timbre si doux qu’elle se promit bien, en son for intérieur, de s’exercer, le soir même, à les imiter dans l’intimité de sa chambre.

Un coup d’œil circulaire dans le wagon qu’elle occupait lui montra ses compagnons de voyage dont le visage au repos racontait, mieux que par la parole, la vie de rudes travailleurs ; pour comble, la rigidité des banquettes ajoutait à la sévérité de leurs traits ; ils avaient tous l’air de s’étirer le cou pour attendre je ne sais quelle pâtée, la relation des idées entr’elles est mystérieuse, Caroline n’aurait su expliquer, sous peine de mort, comment elle se vit soudain transportée parmi les oies de la ferme, comme anciennement, chez ses parents. Une chose cer-