Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VI


Pourquoi le cœur de l’homme est-il dur au misérable qui lutte, sans ressources et la tête haute, pour tenir un semblant de rang parmi ses semblables tandis qu’il est pitoyable au mendiant qui quémande adroitement ? Et pourtant le consentement du mendiant à la mendicité, son abdication de toute fierté en font un être moins digne de pitié que celui qui élève, entre sa misère et l’univers, une muraille infrangible.

Le riche donne-t-il au pauvre moins par esprit de charité et parce qu’ils sont frères que par égoïsme pour que le souvenir de l’indigence ne trouble pas son bien-être et que le spectacle de tristes habits n’afflige pas sa vue ?

Autant de problèmes qui assaillaient Caroline, en attendant l’arrivée de Monsieur Dulac.

Certes, elle n’ambitionnait pas de les résoudre. Des jours pénibles qui l’avaient crucifiée au désespoir, du temps où elle cherchait en vain du travail, elle voulait bannir tout souvenir ; si elle pou-