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Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/32

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vait s’en défaire aussi facilement que d’un vêtement qui sied mal et qu’on ne veut plus remettre. Mais ils avaient déposé en elle un limon d’amertume qui s’élèverait à la moindre agitation mauvaise. Elle repenserait malgré elle à toutes ces choses qui avaient appliqué à son cerveau leur marque indélébile : la parade, d’office en office ; la moiteur de la main qui refusait de tourner le bouton de la porte, tant le cœur travaillé par l’inquiétude martelait la poitrine à grands coups ; la savante mise-en-scène des bureaux destinée à décourager les confidences de solliciteurs et à écourter les visites : le déballage de ses qualités qui dans ces lieux prenaient figure d’une marchandise de pacotille, pareille à celle qu’offrent à bas prix des colporteurs toujours prêts à un rabais. Et les réponses obséquieuses des fonctionnaires. Et refus sur refus. Toute cette humiliation quand elle avait conscience de sa valeur ! Tant d’humi-