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Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/44

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fut rangé, elle se chargea même de démêler la chevelure de Darcinette. C’était là un problème familial. Mariange persistait à vouloir faire boucler les cheveux rebelles de sa fille. Pour y parvenir, elle les mettait, chaque soir, sur des papillotes. L’enfant pleurnichait ; parfois elle geignait, la nuit, et il s’ensuivait des mots entre mari et femme. Caroline se contenta de tresser les cheveux en deux belles nattes qu’elle lia avec des rubans bleu de ciel. Darcinette, la première, fut ravie de sa nouvelle coiffure. Et c’était à qui l’en complimenterait le plus. Le lendemain, Caroline entendit Mariange qui disait d’elle :

— C’est instruit dans toute la force du mot. Et capable sur tout. Quand on dit : tout.

La ville se traînait sous la chaleur. Vers le milieu de l’après-midi, le temps se rembrunissait. Tous et chacun souriaient à l’espoir de voir la pluie apporter quelque fraîcheur. Mais, comme par enchantement, des trous bleus perçaient l’épaisseur des nuages, ils les effilochaient et bientôt il ne restait plus qu’un ciel serein. Le beau temps durait.

Un samedi soir, Lauréat rentra, fourbu.

— C’est le bout, dit-il. Demain on va à la pêche.