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Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/46

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Mariange, mortifiée dans sa vanité, prenait la défense de leur bateau :

— Un yacht de première classe. Mais, un deux-temps, c’est si capricieux.

Lauréat, était sur le point de se décourager, quand on entendit : une pétarade, deux pétarades, une série de pétarades, On démarrait.

Le large, l’air âcre qu’on avale à grandes lampées, l’embrun qui emperle les cheveux, tout conquit Caroline.

Pendant une heure, ils suivirent le fleuve agité puis ils s’engagèrent dans une belle rivière tranquille dont les méandres serpentaient à travers la plaine couverte de fleurs violet-monseigneur. Caroline s’enquit de leur nom. Des queues-de-renard ? Mariange se mit les mains en porte-voix pour mieux interroger son mari. Il fit signe qu’il ne comprenait rien, en montrant l’engin dont le bruit étouffait les paroles. Et elle régla la question :

— C’est tout bonnement des bouquets rouges.

Caroline ne pouvait pas tout regarder à la fois : les oiseaux qui croisaient au ciel, une alouette qui se mirait, les ormes