Aller au contenu

Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

géants, déracinés par la glace, qui baignaient leurs racines au vif et partout la frange des joncs, garniture des berges…

Après un bout de temps, ils entrèrent au ralenti dans un chenal d’à peine quinze pieds de large. Darcinette s’exclama à la vue d’une sarcelle qui voyageait, à l’eau claire, avec sa famille. Mais la sarcelle avait perçu la venue de l’homme.

— Vite, mes enfants, sauvez-vous dans les joncs. Le Monstre approche, celui qui tue les oiseaux.

Et les petits nagèrent à leur force vers une talle de joncs qui ne les cachaient même pas ; tandis que la mère pour attirer le Monstre loin des petits s’offrait en holocauste. Elle se jeta en avant du yacht à une dizaine de pieds. Elle ne fit qu’effleurer l’eau et se rejeta à dix pieds plus loin. Quand elle crut le danger passé, elle s’éleva en un vol triomphant et retourna à sa couvée intacte.

Toutes ces choses neuves se gravaient dans l’esprit de Caroline. Philippe accepterait-il qu’elle en fît un billet ?

Elle le lui demanderait dès le lendemain.