Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/57

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couchait les plantes et charriait l’eau par paquets. Chacun se précipita vers les fenêtres pour les fermer solidement. Mais en entrant dans la cuisine, l’air était suffocant ; les confitures avaient non seulement pris au fond, elles étaient inserviables.

Lauréat était loin d’être fier, lui qui s’était donné tant de peine pour choisir un fruit à point. Mariange eut beau s’en prendre au poêle traître qui lui faisait tous les affronts, elle n’en restait pas moins la seule responsable. Caroline cherchait à la remonter mais le mal était irréparable, il faudrait tout recommencer.

Dès que la pluie se calma, une voisine accourut s’offrir pour aider à mettre les confitures en pots.

Mariange soupçonna qu’elle voulait se moquer d’elle, ayant flairé une senteur de brûlé. Elle la remercia sèchement.

— C’est ça, dit-elle indignée, faites des confitures parfaites pendant cent ans, personne en parlera. Mais ayez le malheur de les manquer une fois dans votre vie, une seule fois, et tout le monde le saura.

Et elle lui ferma la porte au nez.