Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/56

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tisonnier contre les flancs du nouveau, dès qu’il languissait. Le pauvre innocent geignait de cette injustice mais il n’en tirait pas mieux.

Soudain, ils la virent, toute d’une venue dans son tablier à manches, qui traversait la cour d’un pas décidé. Elle pénétra dans la remise à bois et en sortit peu après en transportant dans son tablier un voyage d’éclats.

— Il va chauffer, maugréa-t-elle, en rentrant dans la maison, ou bien il va me dire pourquoi.

À ce moment un oiseau vola si bas qu’il rasa les cheveux de Caroline. D’autres oiseaux frôlaient le sol. Dans l’air épaissi les choses changeaient d’aspect.

— C’est signe que l’orage approche, remarqua Lauréat. Le temps s’engraisse joliment vers le nord.

Mariange attirée à la porte vint s’asseoir sur le seuil. Elle regardait nuages sur nuages se bousculant dans le ciel, en pensant à rien. Elle se laissait aller à la douceur d’être là, inactive, contente de son sort, lasse d’une saine lassitude, heureuse de savoir la lessive accomplie et ne craignant pas le lendemain.

En sentant une odeur âcre lui chatouiller l’odorat, elle se dit : Tiens, il y a quelqu’un qui va perdre une chaudronnée de confitures. Mais elle continua à rêvasser.

La pluie finit par s’abattre. Le vent