Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/83

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tre le ton d’un article exalté comme le sien. S’il fallait qu’elle eût ruiné la réputation de « La Voix des Érables », une œuvre qui tenait tant au cœur de ses bienfaiteurs.

Le cœur en panique, folle de terreur et les mains moites, elle ne parvenait pas à décacheter une seule lettre. Abandonnant le coupe-papier, de son index elle déchira brutalement l’enveloppe. Elle lut une lettre ; elle en lut vingt.

Ô miracle ! son cri avait trouvé un écho unanime. Prêtres, évêques, paysans, députés félicitaient le directeur d’avoir mis sa tribune au service d’une aussi noble cause ; ils parlaient même d’apostolat et quelques-uns prédisaient au jeune journaliste une brillante carrière.

Avec les lettres merveilleuses, Caroline pressait son cœur prêt à éclater. À qui dire son bonheur ? Qui le comprendrait ? Seule, devant l’humble image de la Madone bleu-ciel qui ornait son pupitre, elle s’agenouilla et enferma toute sa joie dans une simple invocation :

Notre-Dame des Neiges, protégez-moi !