Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/82

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tes, tant son esprit était complètement dégagé de son corps. Pour la première fois elle venait de connaître la joie pure de la création.

De sa haute écriture, elle achevait de tracer le titre :

JEUNESSE PAYSANNE, ÉCOUTE !


quand Mariange pénétra dans la chambre. En voyant Caroline en pleurs, elle n’eut rien de plus pressé que de lui offrir ses consolations. La jeune fille mit le compte sur la nervosité ; elle n’entreprendrait pas de lui expliquer la qualité de ces larmes-là, les plus belles qu’elle ait versées depuis longtemps.

✽✽✽

Le journal parut à temps. Noé Dulac demeura à Montréal auprès de son fils ballotté entre la vie et la mort.

Trois jours plus tard Caroline reçut une commotion quand le messager lui remit un courrier plus considérable que d’habitude : une vingtaine de lettres adressées au directeur. Elle crut sa dernière heure arrivée. Sans doute que de partout, dans les milieux habitués à une éternelle pondération, on protestait con-