Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/94

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quand on a l’église, au village ? Pour payer encore des taxes ? L’été, c’est un plaisir de marcher une couple de milles et l’hiver, les chevaux sont là à rien faire, dans l’écurie. On attellera.

Autruchon gagna la majorité à sa cause : il n’y eut pas de chapelle dans le rang. Le curé fort peiné de la chose avait dit à Aubuchon, en quittant l’assemblée :

— Ça ne vous portera pas chance.

Aubuchon n’avait pas répliqué mais un coup sur la route, il riottait dans sa barbe : il songeait aux suisses qui réussissaient en tout et partout.

Vers la fin du même mois, un des petits Aubuchon fut pris du mal de gorge ; on n’en fit pas trop de cas. Le lendemain, un autre tomba malade et le surlendemain encore un autre.

La mère, affolée, ne savait plus où donner de la tête,

— J’ai peur au croup, mon vieux, ne cessait-elle de dire.

Au soir, l’homme inquiet malgré lui, s’énerva :

— Prends sus toé. Vous connaissez pas ça, la maladie, vous autres, les femmes. Faites leur boire une cuillérée à soupe d’huile à lampe et le mal va se sauver au