Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/96

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qu’il avançait ce n’était plus des vagues, mais des affaires hautes comme ici-dedans, À un moment donné, il rencontra une trombe de poudrerie si forte qu’il en perdit le souffle. Dans son cœur, il désespéra de survivre à l’aventure.

Debout, les guides bien en mains, il exhortait son cheval qui n’avançait qu’à coups de collier, quand soudain il crut apercevoir la lueur d’un fanal. « C’est le fret qui me gagne » se dit-il et « je vas geler à mort ». Il ramassa un peu de neige et se frotta les yeux. La lueur était toujours là. Comme guidé par elle, le cheval prit un petit chemin balisé conduisant à un chantier qu’Aubuchon n’avait jamais vu. Lui qui n’avait pas la conscience en paix se rappela la parole de son curé et il pensa tout haut : « J’m’en vas dret en enfer ».

Pour mettre un comble à son étonnement, un prêtre l’accueillit sur le seuil du chantier.

— Venez vous chauffer, lui dit-il, après l’avoir engagé à attacher son cheval dans l’appentis.


— Quand Aubuchon, un peu remis, eut