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AU GRILLON


DU FOYER DE RAYSSAC.



Septembre 1832.


Si, comme à toi, douce fortune
M’avait donné, petit Grillon,
Un petit nid dans ta maison,
Point ne suivrais l’erreur commune
Qui prend et consume nos jours
À poursuivre richesse altière,
Contentement et joie entière,
Loin du pays de nos amours.
Enveloppé dans ma retraite,
Assis à l’ombre du bonheur,
Je voilerais mon humble tête
Et je dévoilerais mon cœur.
Inspiré par un doux sourire,
Les soirs d’hiver, je chanterais
Et doux maintien et doux attraits,
Ou regarderais sans rien dire.
Il ne me faudrait, comme à toi,
Qu’un peu de chaleur à la flamme,
Et puis un regard pour mon âme,
Qui ne veut pas transir en moi.
Ô bonheur caché sous la cendre,
La pâle cendre du foyer,
Beau rêve si doux à rêver,
À mon chevet viens te suspendre.