Page:Guérin - Journal, lettres et poèmes, 1864, 6e éd.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et toi, fortuné possesseur
Du simple asile que j’envie,
Toi qui vis où vivrait ma vie,
Deviens à ton tour voyageur ;
Voyage par la terre immense :
Tu trouveras fleurs et gazon,
Et lègue-moi, durant l’absence,
Ton petit nid à la maison.


——


[Automne de 1832.]

Les siècles ont creusé dans la roche vieillie
Des creux où vont dormir des gouttes d’eau de pluie ;
Et l’oiseau voyageur qui s’y pose le soir
Plonge son bec avide en ce pur réservoir.
Ici je viens pleurer sur la roche d’Onelle
De mon premier amour l’illusion cruelle ;
Ici mon cœur souffrant en pleurs vient s’épancher…
Mes pleurs vont s’amasser dans le creux du rocher…
Si vous passez ici, colombes passagères,
Gardez-vous de ces eaux : les larmes sont amères.


——


[Automne de 1832 ?]

. . . . . . Vous m’avez invité
À passer sous ce toit des semaines d’été ;
Et moi, pâle jeune homme accablé de la ville,
Qui me chargeait de mal, j’ai dans ce coin tranquille