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JOURNAL

DE

MAURICE DE GUÉRIN

(Juillet 1832 - Octobre 1855)





Au Cayla, 10 juillet 1832.


Voici bientôt trois mois et demi que je suis à la campagne, sous le toit paternel, at home (délicieuse expression anglaise qui résume tout le chez soi), au centre d’un horizon chéri. J’ai vu le printemps, et le printemps au large, libre, dégagé de toute contrainte, jetant fleurs et verdure à son caprice, courant comme un enfant folâtre par nos vallons et nos collines, étalant conceptions sublimes et fantaisies gracieuses, rapprochant les genres, harmonisant les contrastes à la manière ou plutôt pour l’exemple des grands artistes. Je me suis assis au fond des bois, au bord des ruisseaux, sur la croupe des collines ; j’ai remis le pied partout où je l’avais posé, enfant, rapidement