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rosa mystica

les poëtes de leur misérable exil : il attend, pour jeter sur eux un regard de bienveillant encouragement, qu’ils fassent amende honorable et en reviennent à la « véritable poésie. » — Ah ! tant que des hommes de génie, ou de la plus piteuse nullité — (cela importe peu), ont traduit leurs idées en vers incorrects, où ami rimait avec ainsi et avec lui[1], M. Joseph Prudhomme a battu des mains : on peut, après tout — n’est-ce pas ? — excuser les emportements de la jeunesse et tolérer une idée sublime, pourvu qu’elle soit rendue en détestable français ? — Mais quand le grand dictateur a vu la sécurité publique menacée par la fondation d’une école, que patronnaient MM. Leconte de Lisle, ce barbare ! — de Banville, ce funambule ! — et Mendès, ce topinambou hermétique ! — lors, justement alarmé des prétentions qu’affichaient les sectaires, de rimer exactement et d’éviter les fautes de français, il a cru devoir sévir, et prononcer contre tous les poètes la peine de l’exil.

Pauvres deshérités du bonheur et de la gloire, exilés maudits de notre patrie de naissance, si nous chérissons tant la patrie d’élection, c’est qu’il nous est

  1. Rimes d'Alfred de mMsset