un peu dociles. L'un est mon : Charles Baudelaire ; l'autre, M. Leconte de Lisle, domine encore, de toute la hauteur de son talent, la fière cohorte de ceux qui, à cette heure de prose envahissante, ont foi toujours en l'immortalité de la langue rimée : sacré héritage, forme suprême de l'art, née du génie même de notre nation et perfectionnée par les Ronsard, les Corneille, les Hugo et les Th. Gautier !
Charles Baudelaire est le plus grand novateur de notre ère poétique, le plus robuste dompteur de langue qui se rebelle — Th. Gautier compris. Il a forcé le Verbe en ses plus mystérieux retranchements, il en a rasé les dernières murailles.
Veut- il définir l'indéfinissable[1] ? — Il évoque des analogies, et, pour donner l'impression d’une chose, n'hésite pas à transposer le parfum en couleur ou en sonorité, la forme en rhythme :
- « Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
- « Doux comme le hautbois, verts comme les prairies…
- ↑ Il est d'excellentes et fort complètes études sur Baudelaire. (Th. Gautier : Notice sur Baudelaire. — Paul Bourget : Psychologie contemporaine. —Maurice Barrès : La sensation en littérature, etc.). Ceci n'est point une page de critique, mais une série de notes superficielles où je tâche à esquisser à peine quelques profils littéraires.