C'est le langage du poëte à peine éveillé par la fraîcheur matinale et qui balbutie en se frottant les yeux. Je m'en tiens là, soucieux d’être sobre de citations ; elles ne feraient pas défaut.
Comme tout grand poëte, Baudelaire est un symboliste : il drape ses plus belles conceptions du voile mythique, et derrière ses images les plus hardies, il est de profondes pensées. L'on resterait des heures à songer devant telle de ses pages, également suggestive pour l'esprit, l'imagination et les sens. « Le Rêve d’un curieux » est de celles-là.
Baudelaire est sentimental aussi, jusqu'à en être navrant, et son cœur saigne d’un éternel, impossible et violent amour ; mais en cette passion même, si profonde et sincère, se révèle le fatal penchant de sa nature à l'étrange, au rare :
- « Bizarre déité, brune comme les nuits,
- « Au parfum mélangé de musc et de havane... »
Voyez-vous point là une preuve, après tant d’autres, de l’erreur où tombent ceux-là qui veulent voir en Bau-