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Le Nénufar


La fleur palustre éclôt aux braises des étés,
Toute blanche — pareille à l’ennui que notre âme
Marie avec l’orgueil de ses satiétés,
Lorsqu’elle est lasse enfin des cris de mélodrame
Et du tréteau forain si cher aux révoltés !

Elle dort, indolente, et mate, et sans arôme ;
Elle dort, calme, ainsi que l’eau calme qui dort.
Pas un souffle dans l’air brûlant ; pas un accord ;
La harpe des grands bois se tait. Des frissons d’or
Vibrent seuls, ruisselant de l’azur monochrome.