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petits poemes.


— En tes veines se fige un suc fade et glacé,
Nénufar ! Il guérit de l’éternelle fièvre
Que l’Amour dans les plus nobles cœurs a versé :
Sitôt que ta corolle effleure notre lèvre,
La nourrice Vénus à tout jamais nous sèvre…

C’est pourquoi je te hais, Nénufar !… — Nénufar,
Sois maudit des amants, maudit des amoureuses !
Ainsi qu’une Phryné la lèpre sous son fard,
Tu caches sous ton teint, ô bellâtre blafard,
L’incurable langueur des âmes douloureuses !


Mai 1884.