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préface

se révélait en outre grand peintre en vers, d’une touche sûre et intense ; à lire « la Mort de Philippe II, » croit-on point rêver devant le chef-d’ œuvre d’un maître de la grandesse espagnole ? Des livres postérieurs accusent plus nettement encore sa personnalité : La pensée s'y développe, plus féconde, plus subtile et pourtant moins contournée ; il est d’adorables poésies, dans « Sagesse 3 » : des escarboucles superbes et d’ineffables opales brillent pêle-mêle parmi des cristaux trop enfumés, dans cet écrin doublé de liturgique velours violet. « Jadis et Naguère » est un livre très mêlé où d’exquises « fumisteries » côtoient des vers d’une ampleur qui étonne :

« Je suis l’empire à la fin de la décadence,
« Qui regarde passer les grands barbares blancs…

Nul, plus que Verlaine, ne brise le vers et le rhythme, mais sa concision ellyptique n'exclut pas la douceur, en ces poésies aux nuances ondoyantes, fuyantes à l'infini… Tour imagé qu'il soit, et coloré, le style de ses meilleures pages semble, on ne sait trop comment, immatériel.

M. Mallarmé, pour la construction externe, n'a guère modifié le vers de Leconte de Lisle : pompeux,