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rosa mystica

la synthèse des analogies, des transpositions d’art, des antithèses de formes, l'on parvient à dégager l'Idée-mère — à extraire la pierre philosophale de la pensée.

— J’exagère un peu pour M. Verlaine ; moins toutefois qu'on ne pourrait croire ; pour M. Mallarmé, je reste au-dessous de la vérité. Cet abus de procédés suggestifs est déplorable, à vrai dire, chez des poëtes de haut parage, comme celui des « Fenêtres » et celui de « Sagesse. »

Sans atteindre à ce point d’obscurité, MM. Charles Vignier et Charles Morice, tous deux passionnés admirateurs de Mallarmé, sont des champions de l'extatisme ésoterique en art. Rhythmistes savants, ennemis jurés de l’éloquence, et outranciers de la demi-teinte, ils rivalisent de subtilités mièvres, dans leur effort à traduire de délicieuses et fugaces impressions. Je ne leur ferai point un crime d’avoir quasi divinisé leur maître : l'enthousiasme est une religion dont il messiérait de médire, car elle dénote à coup sûr de la grandeur d’âme ; et, chez les gens de lettres, un généreux cœur ne va guère sans un beau talent.

Paul Verlaine, affirmant déjà dans les « Poëmes Saturniens, » (1865) un tempérament très original, semblait frère puy-né plutôt que fils de Baudelaire. Il