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rosa mystica

n'a guère influé que sur M. Émile Goudeau. C'est là une parenté indéniable, mais quelles qualités excellentes M. Goudeau na-t-il pas tirées de son propre fonds ? Bonhomie innocemment gouailleuse ; brusquerie cordiale ; débordante gaîté ; — ailleurs, mélancolie d'une sincérité frappante ; un style enfin, d’une insuffisante correction parfois, mais d’une franche allure, d’une saveur « sui generis » très gauloise : Rabelais ressuscité, « humant le piot » chez Tortoni, n'aurait pas plus de brio ni de belle humeur !

C'est encore un bien curieux et puissant poëte que ce jeune homme ardent, naïf et fier, qui masque son nom derrière le pseudonyme de Jean Rameau. L'on ne cherchera pas longtemps sa filiation, à lui qui descend si directement de Victor Hugo. Ne trouvez-vous point, ici et la, même abondance un peu prolixe, même amour de l'énorme, même passion endiablée — puis, par moments, même délicatesse ingénue et quasi-enfantine ?… Le macabre et le fantastique de M. Rameau ne sont empruntés à Poë, à Baudelaire, non plus qu'à M. Rollinat ; et la franchise toute sauvage de son style, nullement raf-