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PRÉFACE

ment les civilisations diverses. Les réves de l’Inde et ceux de la Grèce, l’Esprit de l’Orient et celui du Nord, l’âme obscure et féroce du Moyen-Âge, se réveillent et palpitent dans ses vers évocateurs.

D’autres poètes encore ont soulevé quelque coin du voile mystérieux du passé. Les Noces Corinthiennes, de M. Anatole France, doux et mélancolique reflet des âmes troublées par le souvenir des Dieux anciens et l’avènement du Dieu nouveau, ne sont pas oubliées. Même quelques poèmes, inspirés par les traductions publiées des textes cunéiformes ou hiéroglyphiques, ont déjà paru. La même curiosité intellectuelle ramène à la fois vers la plus haute antiquité plusieurs poètes contemporains.

Ainsi du mouvement historique procède le mouvement poétique actuel. Profiter des découvertes archéologiques, évoquer dans leur milieu les hommes et les choses, et tenter de représenter à son tour, dans une suite de poèmes, le long déroulement des siècles, telle fut l’ambition de l’auteur. Les Siècles morts, avec leur sous-titre l’Orient antique, ne sont que la première partie d'une œuvre que l’auteur essayera de réaliser si la force et le talent nécessaires ne lui font pas défaut.

Le volume qu’il présente aujourd’hui au jugement de ses maîtres, de ses amis et de quelques rares lecteurs, est particulièrement austère. L’Orient primitif, surtout, l’Orient sémitique, laisse peu de place au rêve et aux longues méditations, propres au génie aryen. Une civilisation grandiose, mais rude et sanglante, éclate de toutes parts. Guerres sans fin, villes incendiées ou rasées, princes et