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PRÉFACE

guerriers mis en croix, livrés aux plus cruels supplices, femmes, enfants, nations lout entières trainées en esclavage et transplantées d’un bout à l’autre des empires : tels sont les plus fréquents tableaux que retracent les annales de Babylone et d’Assyrie. Les livres de la Bible, sauf quelques traits de la vie pastorale, sont pleins des vengeances d’Iahvé, des abominations des Rois, des luites des tribus. Les malédictions des Prophètes tonnent sans cesse sur le peuple choisi et sur les nations de l’univers. Partout la haine bouillonne ; partout le sang ruisselle.

Et cependant, au fond des temples khaldéens, les vieux récits cosmogoniques sont recueillis, le cours des astres est étudié et interprété, les générations divines sont expliquées. Les Dieux exercent leur action sur le monde. Les conquérants les invoquent et les interrogent. Des cultes sanglants et voluplueux une pensée religieuse se dégage ; les mythes se transforment et se développent. Le mythe d’Istar et de Douzi engendre celui d’Aschtoreth et d’Adôni. Tout s’enchaîne et tout contribue à former le patrimoine religieux de l’humanité successive. Israël conçoit l’unilé de son Dieu jaloux, élève le temple et, par la voix de ses nabis, jette son cri d’espérance au Messie idéal.

N’appartenant pas au monde sémitique, mais ayant exercé une influence considérable au moins sur Israël et sur la Phénicie, l’Égypte semble sortir de la nuit des temps en pleine possession d’elle-même. Dans les plus anciens monuments de sa littérature, une âme existe et pense. Éternellement agenouillée devant son Dieu solaire,