Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/110

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geôle,
Le guerrier dès l’enfance a courbé son épaule
        Sous le poids des armes de fer.
Le pus ronge sa tête et le casque la broie ;
Le sang rougit ses pieds ; le cuir de la courroie
        Use son ventre et mord sa chair.

Le carquois, les pains noirs, l’outre d’eau corrompue,
Font ployer comme un arc son échine trapue,
        Dans les marches vers les Khètas ;
Et quand soudain bondit le barbare farouche,
Le guerrier sans vigueur recule, geint, se couche
        Avec les morts tombés en tas.

Le forgeron suant remplit de ses mains viles,
Plus rudes que l’écaille au dos des crocodiles,
        La gueule ardente de son four ;
Le maçon, suspendu sur les échafaudages,
Chancelle au vent qui passe en rompant les cordages,
        Au faîte oscillant de la tour.

Le laboureur confie au sol noir qu’il défriche
Le grain, nouvel espoir d’une moisson plus riche ;
        L’oiseau pille les champs pelés ;
Et la récolte est vaine et trompeur le salaire
Lorsque se dresse, armé du bâton, près de l’aire,
        Le collecteur royal des blés.

Tout labeur journalier sème et nourrit sa