Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/116

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Aux flancs des monts abrupts, taillés en escaliers,
Les images des morts s’alignent par milliers.
Et toutes, sur des blocs côte à côte rangées,
Gardiennes du repos au seuil des hypogées,
Sans gestes, sans regards, comme un peuple d’aïeux,
Accueillent le Défunt vénérable et pieux
Qui vient, dans l’ombre sainte, habiter auprès d’elles
L’obscure profondeur des maisons éternelles.

Salut, tombeau secret ! Le voyage est fini
Que sur l’heureuse terre accomplit Neb-Seni.
La demeure est ouverte et la stèle est plantée ;
Les aliments sont prêts, l’offrande est apportée.
Le chacal Anopou dresse le coffre étroit
Devant la porte basse où Neb-Seni, tout droit
Dans la gaine de cèdre aux lourdes planches peintes,
Entend monter vers lui l’écho mourant des plaintes,
Et comme un hôte cher, voilé du masque bleu,
Reçoit le dernier pleur et le suprême adieu.
Le prêtre a répandu l’eau purificatoire,
Et le crochet de fer emmanché dans l’ivoire
A successivement frôlé les yeux éteints
Du cadavre, la bouche et les pieds incertains
Et tout ce qui vivra, comme aux jours de la vie,
Dans la béatitude éternelle et ravie.

Et lui, le Mort très pur, le Prophète inspiré,
Le Chef que pleure encor Pi-Amen, est entré
Dans sa tombe divine où la nuit préalable
Garde jusqu’au réveil la