Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/117

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chair inviolable.
La porte est close ; il dort. Neb-Seni n’entend pas
La clameur décroissante et le bruit du repas
Où ses proches, devant les lugubres murailles,
Boivent au long banquet le vin des funérailles,
Tandis que, se penchant sur des harpes de deuil,
Des chanteurs au front ras chantent l’antique orgueil
De sa gloire, et la vie après la sépulture
Au sein des Dieux cachés, dans la splendeur future.


LE PREMIER HARPISTE.

Ton destin est parfait dans l’immobilité,
O grand Chef ! Les vivants meurent, et d’autres races,
Sur la terre de Kem et le sable argenté,
Avant de disparaître, ont effacé leurs traces.

Toujours Râ flamboyant monte au firmament clair
Et Toum s’évanouit dans l’ombre vespérale ;
Toujours le souffle épars dans la chaleur de l’air,
Aux soleils printaniers, joint la femelle au mâle.

Tout meurt et tout renaît. Les murs de la cité
Sont détruits, où naguère ont respiré les Maîtres ;
Et, comme un peuple vain n’ayant jamais été,
Disparaît à son tour la tribu des Ancêtres.

Mais toi, comme un amant charmé, dans la