Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/130

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ume,
Parmi les (leurs d’azur, penchant de toutes parts
Vers le Dieu satisfait leurs calices épars,
Devant la table creuse où les pains s’amoncellent,
Où le lait, et la bière et le vin noir ruissellent,
Où les chevreaux, les bœufs, les oiseaux des marais,
Pour l’éternel festin, sont offerts et sont prêts :
Méditant en son cœur l’inévitable oracle,
Osiris est assis au fond du tabernacle.

Sur un trône aux degrés larges et bas, son corps
Repose emprisonné dans le réseau des morts.
Les deux plumés d’autruche ornent sa mitre blanche.
Il presse sur son sein le fouet au rude manche,
Et la crosse royale entre son poing fermé
Resplendit, comme un sceptre aux mains d’un chef armé.
C’est Lui ! l’Être parfait, le Seigneur taciturne,
Le Soleil englouti du firmament nocturne,
Le Très-bon, le Très-pur, l’Universel Vainqueur,
Le Roi du Tiaou, dont l’impassible cœur
Se glace et ne bat plus dans l’inerte poitrine.
Comme un dattier fécond l’équité prend racine
En son âme, et le Vrai, germe des justes lois,
Éclôt dans sa parole et fleurit dans sa voix.

Mais soudain, surgissant de la profondeur blême,
La Déesse paraît, et Neb-Seni lui-même,
Comme un homme hésitant au sortir de la nuit,
S’avance, tend les bras, la vénère et la suit.
Il a vu le Dieu grave, et dans l’obscur silence