Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/136

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rempli, la terre était féconde,
Et le peuple sans nombre, autour de moi pressé,
La famine et la soif ne l’ont pas renversé.
Tel vécut Neb-Seni, prudent et tutélaire ;
Telle sa bouche close, ignorant la colère,
N’a point hâté le cours des mots irréfléchis ;
Tel il n’a pas, rampant sur ses genoux fléchis,
Dans la voie interdite et le sentier du crime,
A l’heure solitaire, attendu sa victime.
Tel encore il présente aux Dieux accusateurs
L’austère vérité de ses jours protecteurs.

Et maintenant, Seigneurs, jugez en connaissance !
Pesez en Neb-Seni le mal et l’innocence.
Hommage à vous, ô Dieux de l’Abîme infernal,
Equitables, siégeant en haut du tribunal,
Salut ! Salut à toi dans la double Retraite,
O Résident de l’Ouest, dont la demeure est prête
Dans Aboud, comme un nid dans les roseaux plongé.
Je suis le fils d’Isis, Horus, ayant vengé
Son père agonisant dans la Nuit du massacre.
Salut ! La porte s’ouvre et je viens ; je consacre
L’offrande funéraire à qui la répartit.
Ainsi qu’aux Dieux vivants, livre à mon appétit
Le banquet du tombeau, le breuvage et les proies,
Milliers de pains, milliers de bœufs et milliers d’oies,
Afin que toujours fort, parmi tes serviteurs,
L’Osiris Neb-Seni vogue dans les hauteurs,
Sur le navire d’or monte, s’unisse au groupe
Des Ancêtres divins assemblés à