Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/137

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la poupe,
Et, tel qu’un nautonier, fasse avancer au ciel
Le vaisseau flamboyant du Voyage éternel ! —

Et la voix du Défunt se tait dans l’ombre épaisse.
Horus silencieux se lève, touche, abaisse
La balance infaillible, au plateau vacillant,
Où gît, seul d’un côté, le cœur de l’Excellent.
Ma, Fille du Soleil, la Plume véridique
Charge l’autre plateau de son poids fatidique.
Mais le fléau chancelle au sommet du pilier
Et d’un long mouvement, tranquille et régulier,
Fléchit, remonte encor, s’équilibre et s’arrête.
Alors Thot, mesurant l’égalité parfaite,
Sur l’antique palette inscrit en rouges traits
La sentence des Dieux et leurs justes arrêts.
De son bec recourbé tombent les mots suprêmes ;
Il dit : — Que sur vos fronts, autour des diadèmes,
Les Urœus vivants, ô Dieux ! ne sifflent plus.
L’Osiris Neb-Seni clôt ses jours révolus
Et la perfection lumineuse est prouvée
Dans son âme sans tache, éternelle et sauvée.
Son cœur interrogé, qui répond sans détours,
Au milieu de Ro-sta resplendira toujours.
Pylône, écarte-toi ! Recule, ô sombre Porte !
Afin que dans Toser l’Osiris entre et sorte,
Vive, paraisse au jour et transforme à son gré,
Dans le cycle de Râ, son corps régénéré.
Réjouissant les Dieux de sa beauté première,