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Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/16

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PRÉFACE

mélancolie inconnue. Les Dieux grecs et latins ont perdu leur noblesse primitive ; la piété a déserté leurs autels ; les Jupiter et les Vénus sont de simples personnages mythologiques, dont les aventures servent de canevas aux amplifications poétiques. C’est alors que les cultes de l’Orient ressuscitent dans le monde romain. Mitra, le Dieu avestique de la bonne foi et des pâturages, devient le mystérieux sacrificateur du Taureau ; Sarapis sort des sanctuaires égyptiens. Les anciennes religions orientales jettent une troublante et dernière lueur avant de s’éteindre pour jamais.

Les mystères chrétiens se glissent hors des catacombes, et les femmes d’abord sont charmées par eux. Les associations pieuses les attirent ; elles, à leur tour, entraînent les hommes vers le culte qui les console et les enivre. Le Christianisme grandissant est persécuté. Les philosophes l’attaquent et le raillent : et les docteurs de la nouvelle Église se lèvent et proclament ses dogmes à la face du monde. Enfin l’Église du Christ triomphe officiellement, et c’est alors surtout que les schismes et les hérésies la déchirent. Les conciles condamnent l’erreur, fixent la Foi des siècles futurs, et la théologie byzantine s’égare dans les plus incroyables spéculations. L’évêque de Rome s’est assis sur le trône des Césars. Malgré la réaction de Julien, les derniers vestiges de l’hellénisme s’effacent, et le Christianisme, soumettant les barbares à son joug, victorieux de la philosophie agonisante, se dresse à son tour, dans toute sa puissance universelle, violente et persécutrice.