Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/220

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épaule
La citadelle blanche aux sinueux remparts.
Et barques et vaisseaux croisent de toutes parts
Leurs sillages d’argent sur l’azur de la houle ;
Et les marchés remplis débordent, et la foule
Tumultueusement encombre les quartiers.

Et toujours là, muet pendant des jours entiers,
Ou riant à la mer avec de sombres rires,
Le trafiquant de Zour attendit ses navires.
Et ses vieux compagnons, entendant derrière eux
Le rauque sifflement du vieillard aux yeux creux,
Indifférents, passaient sans détourner la tête.
Et les petits enfants, à la marche inquiète,
Hâtaient leurs pas craintifs, tremblant de toujours voir
Cet homme solitaire, assis de l’aube au soir,
Sordide, abandonné, sur une même pierre,
Et qui, de ses deux mains abritant sa paupière,
Eternellement blême, au seuil de sa maison,
Plongeait un regard mort dans le vide horizon.