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LES SIÈCLES MORTS

Avait l’aspect du ciel inaltérable et pur.
Des poutres de palmier tombaient de légers voiles,
Brodés de fils d’argent, où tremblaient des Étoiles,
Des disques, des croissants, des astres radieux,
Des symboles secrets et les nombres des Dieux.
Cachant l’épais bitume avec l’argile grise,
Au faite des parois se déroulait la frise
D’émail multicolore et de carreaux vernis,
Où, symétriquement, sur les côtés unis,
De rangs superposés couvrant les quatre faces,
Sur un fond d’un blanc cru fleurissaient des rosaces,
Des lotus bleus, des fruits jaunes, des arbres verts
Et la plante sacrée aux boutons entr’ouverts.
Plus bas, se prolongeaient jusqu’au bord des portiques
Des luttes d’animaux et des combats mythiques,
Où des héros géants, peints d’ardent vermillon,
Perçaient de chaque main la gueule d’un lion.
Plus bas encor, devant l’autel des Dieux sublimes,
Le Sacrificateur égorgeait des victimes,
Et le Prêtre debout, d’un geste consacré,
Conduisait l’Adorant vers le trône carré
Où siégeait, revêtu de la tunique à franges,
Un Être au double front ceint de bornes étranges.
Sous la frise éclatante alternaient sur le mur
Des lamelles d’argent et des plaques d’or pur,
Et par place, enchâssés dans le bronze ou l’ivoire.
Des morceaux de lapis et de sardonyx noire.

Au fond du Sanctuaire, en un retrait sculpté,