Page:Guerne - Les Siècles morts, I, 1890.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ii
PRÉFACE

divines, bienfaisantes ou néfastes. Les prières et les incantations peuvent rendre plus favorables encore les Esprits protecteurs ou chasser les Esprits mauvais. Les sacrifices offerts par l’homme sont des échanges avec les Dieux. Combien de siècles ont été nécessaires pour élaborer la pensée religieuse de l’Humanité ? Nul ne le saura jamais. Mais elle nous apparaît, presque complète déjà, dans les grandes civilisations historiques d’Égypte et de Khaldée.

Et la découverte de leurs mystérieuses archives est bien l’œuvre du xixe siècle. Babylone, l’Assyrie, l’Égypte, la Perse, n’étaient connues naguère que par les historiens grecs. Hérodote, Diodore de Sicile avaient recueilli de précieuses légendes. Les renseignements transmis par eux étaient loin d’être sans valeur. Néanmoins le vieux monde n’était qu’un monde grec. Les noms déformés étaient grecs : les discours, la pensée même, avaient revêtu une apparence hellénique.

Un seul livre, la Bible, semblait reproduire fidèlement quelques traits de la vie antique. Entouré de peuples ennemis, foulé par les conquérants d’Assyrie et d’Égypte, Israël en avait gardé la marque profonde. Israël avait connu les cultes étrangers et s’en était enivré ; il avait souffert dans la vallée du Nil, trafiqué avec Tyr et Zidôn, pleuré au bord des fleuves de la Babylonie. Et son Livre Sacré conservait, en le maudissant, le souvenir des rois vainqueurs et de leurs dieux barbares. Mais que de lacunes encore et de mystères subsistaient dans la Bible ! Les études nouvelles ont éclairé en bien des points ce qui était