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LA LAMENTATION D’IŠTAR

Et sentirent passer, comme un feu qui circule,
Des effluves d’amour au fond du crépuscule.
Soupir encor douteux du sommeil hivernal,
Faible, tendre, plus pur qu’un frisson matinal,
Un souffle précurseur sur la bouche adorée
Flottait ; et, sous la chair transparente et nacrée,
Le sang fluide errait en ruisseaux lumineux.
La brune chevelure, échappée a ses nœuds,
S’emplissant de rayons, croissait en auréole
Autour du front, baigné d’une clarté plus molle.
Puis dans les yeux, encor noyés du long sommeil,
Comme un large vaisseau roulait un ciel vermeil
Que, dans l’espace humide et les profondeurs bleues,
Des constellations balayaient de leurs queues.
Et tous les feux vivants, tous les astres des mois
Que fait mouvoir, selon d’inéluctables lois,
Šin illuminateur sur l’horizon nocturne,
Tous les flambeaux épars de l’ombre taciturne,
Dans l’œil divin, poli comme un miroir d’argent.
Reflétaient la splendeur de leur éclat changeant.
Des membres de Douzi, telle qu’une rosée,
Ruisselait alentour la Vie inépuisée,
Et d’un flot débordant la mâle volupté
Gonflait le vaste cœur du Fils ressuscité,
Tandis que palpitait, las d’un repos stérile,
L’aiguillon rajeuni de sa vigueur virile.

Douzi renaît. Ištar de son bras triomphant
Enlace, porte, étreint le beau corps de l’Enfant,