Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Elle passe et s’assied près de la source, à l’heure
Douteuse où vous veniez par les chemins poudreux,
Filles de Kéléôs, emplir les vases creux
D’une onde fraîche, utile à la noble demeure.

Elle entra dans la ville et soudain grandissant,
Parfumant la Cité d’une immortelle essence,
La Déesse à jamais sacra par sa présence
Eleusis, la Colline et le Temple naissant.

Et ce fut là qu’enfin la Mère douloureuse
Revit, hors du char d’or, Perséphonè bondir
Et, d’une main timide et faible encor, brandir
L’Épi, mystérieux, né de la terre heureuse.

Et c’est là que promise au voyage éternel,
Vivante, ô Déméter, et tour à tour perdue,
Pendant le tiers de l’an vers Hadès descendue,
Ta fille au double nom fuit ton sein maternel. —

Tel, révélant le mythe et le secret du drame,
J’ai rompu le serment d’Eleusis et je vais,
Sacrilège, hagard, en proie aux Dieux mauvais,
Parjure pour Dircé, pour son amour, infâme.

Dircé, que les noirs Dieux m’accablent jusqu’au bout !
Car j’imitai pour toi les actes et les rites
Et ma voix, proférant les formules prescrites,
A dit : — Verse la pluie ! Enfante ! Sois debout ! —