Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/107

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Tu sais pourquoi s’unit dans la ciste mystique
L’emblème fécondant au ktéis dentelé,
Pourquoi la torche brille et pourquoi fut mêlé
A la menthe broyée un miel aromatique.

J’ai pris le kalathos en criant : —J’ai jeûné !
J’ai bu le kykéon et transmis la patère ! —
J’ai chanté l’hymme grave et je n’ai point su taire,
O suprême forfait ! que Zagreus était né.

Et surtout, ô Dircé, crime que rien n’expie !
J’osai du grand Symbole expliquer le secret,
Et, découvrant, hélas ! le sens qui transparaît,
Avouer le mystère à ton oreille impie.

Pour toi, Vierge au cœur triste et désormais troublé,
Indifférente aux Dieux dont tu sais la nature,
Dans une horreur sacrée attends la mort future
Où l’âme germe et croît comme un épi de blé.

Laisse, avec les saisons, la Mort, hiver des âmes,
Elaborer la Vie en son obscurité,
Et, comme le printemps, l’Esprit ressuscité
Jaillir dans la lumière et mûrir dans les flammes.

Que Perséphonè monte ou redescende encor,
Que le grain enfoui disparaisse à l’automne,
C’est la Vie éternelle et son cours monotone,
Et le Mystère antique en est le vain décor.