Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/115

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Inondé de sang noir, fauché par les massacres,
Sera comme un désert par le pâtre évité.

Dieu grandi si ton élu gît, flagellé lui-même,
Quel peuple sans frémir entendra l’anathème ?
Malheur à vous ! Malheur, cités du littoral,
Villes de Phénicie, aux obscènes pratiques !
Daces, Lyciens, Gog, Magog, tribus Scythiques,
Qu’entasse un prompt trépas au gouffre sépulcral !

Autour de toi surtout, Hellas, le Dieu déchaîne
Le vent irrésistible et vengeur de sa haine,
O toi, mère des arts et des hymnes vainqueurs,
Qui du marbre parfait fis jaillir des idoles,
Et tressant le réseau des flatteuses paroles,
En des liens fleuris emprisonnas les cœurs !

Toi dont la main, savante à réveiller la lyre,
Des mystères impurs prolongeait le délire
Et du nocturne Eros rallumait le flambeau,
Toi qui divinisant l’or, le bronze et l’ivoire,
Par la forme idéale, ô Subtile ! as fait croire
Que le Vrai résidait dans le temple du Beau !

Ta splendeur est éteinte ; abandonnée et nue,
Faible, sans voix, sans yeux, n’es-tu pas devenue
Comme une femme aveugle et désirant la mort ?
Où sont tes Dieux lassés d'amour et de souillures,