Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/116

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Tes Déesses aux bras de neige, aux chevelures
Plus belles que la vigne où le pampre se tord ?


Égypte, où sont tes Dieux aux têtes bestiales,
Tes ibis et tes chats et tes cynocéphales,
Tes crocodiles saints et tes bœufs vénérés ?
Dérobe leur momie, approfondis la crypte :
Pourriture, charnier. Tes Dieux sont morts, Egypte !
L’œil du grand Dieu les compte au fond des puits murés.

J’ai traversé la terre et n’ai point vu Ninive.
Où donc gît Babylone ? Et l’enceinte massive
Où six chars à la fois roulaient sans se heurter ?
Bel-Mardouk n’attend plus, au seuil de la cellule,
La vierge obéissant au grave hiérodule ;
Šin agonise et l’ombre immense va monter.

Rentrez avec vos Dieux dans la nuit et la brume,
Vous, mortels inquiets qu’un vieil orgueil consume !
Bientôt naîtront des jours, pour le monde expirant,
Des jours inattentifs à vos clameurs rivales,
Qui, sourds aux cris d’angoisse épars dans les rafales,
Ne connaîtront qu’un Dieu, seul, immortel et grand.

L’avenir ! il luira, lorsque, dans les espaces,
De mobiles vapeurs imiteront des chasses
De fauves poursuivis par de blancs cavaliers ;
Lorsque la mer facile aplanira ses ondes ;