Page:Guerne - Les Siècles morts, II, 1893.djvu/124

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LES JEUNES HOMMES.

Quel remords, quelle crainte éloigne de ses frères
        Dorothéos déjà lassé ?
Redoutant la vengeance et les destins contraires,
        A-t-il peur d’un Dieu courroucé ?

Cependant le front ceint de lierre,
Heureux, paré comme un époux,
De sa demeure hospitalière
Il referme le seuil jaloux.
Peut-être, soumis et fidèle,
Comme au fond d’une citadelle
Garde-t-il un trésor sans prix ?
Peut-être une main fine trame
Un filet d’amour pour son âme,
Un bandeau pour ses yeux épris ?

Quelle est dans la maison l’ombre qui fuit plus vite
Que le ramier des bois sous les traits d’un archer ?
Quel oiseau disparu dont l’effroi nous évite,
Colombe prisonnière et prompte à se cacher ?

Puisses-tu, toi qui nous exiles,
Ne jamais, en tes vœux changeants,
Ami, des voluptés faciles
Regretter les Dieux indulgents !